RIP
Johnny est mort. Difficile de le croire tant on le croyait immortel. Mais personne n’est immortel à moins de congeler le sperme de son père et les ovocytes de sa mère dans un frigo qui échappe à l’obsolescence programmée, ce fléau. Il est également possible de se cloner comme un chien et de se rencontrer soi-même, quelques décennies plus tard, à l’âge que nous avions quand nous avons pris la décision de nous cloner. Mais les expériences de notre clone seraient forcément différentes des nîtres (nôtres), et dans la mesure où le caractère lui aussi influence la composition de notre visage (du fait des muscles que nous utilisons le plus en fonction des émotions que nous ressentons le plus souvent), notre clone ne serait peut-être qu’un sosie de nous-mêmes… Voire un sosie de Johnny.
Quelles émotions ressentait Johnny? Sûrement de la joie. Et du botox. Il ressentait également de la douleur quand il avait le cancer du poumon. Mais quand il avait le rhume, il ressentait du désagrément, du mouchage, peut-être du doigt dans le nez… Mais discrètement, car Johnny, cette Vierge Marie du fils de pute de biker de merde, avait su se préserver un petit jardin secret où il faisait pousser des aubergines, des godes et des petits pois. Un véritable Saint François qu’il aurait été absurde d’appeler de son vivant « Saint François » puisqu’il aurait doublement objecté en disant qu’il n’était pas quelqu’un de religieux, considérant l’existence de Jésus comme un simple fait historique au même titre que l’élection du général de Gaulle à la présidence de la Gaule, et qu’il ne s’appelait pas François – contrairement à Enrico Macias, entre (nombreux) autres.
A l’heure où nous écrivons ces lignes, d’autres personnes en écrivent de différentes, et sur de nombreux autres sujets. Au-dessus de nous, tout en haut de la pyramide de la hiérarchie sociale, Emmanuel dit le Macroniste en prononce d’autres, extrêmement émouvantes, juché sur l’arc-de-triomphe d’Aix-la-Chapelle, dans un costume jaune canari en hommage aux nombreux épis de maïs qu’aura consommés le chanteur blond sur son oreiller quand ses doigts n’osaient pas entre 7h et 10h du matin le samedi. Le peuple de France est soudé dans le deuil comme si des gens avaient été exécutés sommairement dans un lieu festif, moins le racisme. On se croirait dans un oreiller. Laetitia, qui aimait à reposer sa tête sur la cuisse gauche de Johnny quand ils regardaient un film d’un réalisateur nommé Claude (Lelouch, Chabrol, Raimi, Spielberg, Jaunâtre) racontait à qui mieux mieux qu’il avait les cuisses les plus soyeuses du royaume.
Aujourd’hui, nous avons tous la tête posée sur sa cuisse, et tant pis si ça l’embarrasse, puisqu’étant décédé, il n’est plus au courant de rien, à l’instar de quelqu’un de très bête. Mais nous ne regardons plus le film d’un réalisateur prénommé Claude, non. Nous regardons autre chose (une émission avec Laurent Romejko, en l’occurrence).
SH
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