heal the world svp
Petit retour momentané de nos plumes sur Everest qui, en plus d’être un beau film profondément neigeux, est un film, tout simplement.
Un point ne manque pas en effet de nous déranger au sens fort du terme, psychanalytique: nous sommes, littéralement, dé-rangés, par ce point.
Quel ce point?
Il s’agit du point suivant, disponible à la lecture dès la ligne identiquement suivante.
Lorsque Job, seul sur la montagne, s’apprête à décéder, il téléphone à une personne qu’il semble connaître, et qui est sa femme (physiquement enceinte d’un petit enfant de surcroît).
La femme en question, Enora Malagré (Keira Knightley), souhaite éviter l’issue funeste qui guette paisiblement, les pieds dans les pantoufles, leur conversation téléphonique.
Or, que se disent-ils?
Nous retranscrivons ici leurs paroles, pour ceux qui n’auraient pas vu le film (en reste-t-il?):
« Bonjour
-Oui, bonjour!
-J’ai froid 😉
-Oh non! Mais tu as mis tes moufles?
-Oui mais je crois que je vais décéder quand même.
-Oh non!
-Qu’est-ce que tu veux, je suis pas un pingouin.
-Allez sois cool reviens.
-Nan, la flemme
-Alleeeeeeeeez
-Mais j’ai froid putain arh
-Allez bouge et je t’amène du thé et des pogs
-Nan c pas la peine allez
-STP STP STP STP STP [elle chouine quadruplement, ndrl]
-Nan allez tant pis. Bonne nuit je t’aime!
-Moi aussi! #déçu »
…
Quelque chose vous choque? Oui? Non? NSPP?
Voilà ce qu’il y a de choquant ici: Keira Knightley ne fait pas tout ce qui est en son pouvoir pour relever son mari cloué par le froid dans la montagne de son choix. En effet, quel est le moteur de l’humanité? Pour qui est-ce que se lèvent les hommes depuis la nuit des temps?
Deux choses.
D’abord, la paix dans le monde.
Ensuite, la perspective du sexe.
Comment Jésus ressuscite-t-il Lazare, sinon en lui disant: « Lève-toi et marche »? Dit comme ça, on a l’impression de ne rien prouver. Il faut se référer à l’Evangile selon Donald, qui précise que Jésus aurait en fait dit: « Lève-toi et marche *pour aller baiser des gens* »!
Or ici, que se passe-t-il?
Au beau milieu de ce film lapon?
Keira Knightley ne donne absolument pas envie de se lever. Elle parle de moufles, de thé, de froideur, rien de franchement érectile – même les plus exigeantes de nos consœurs féminines s’accorderont à nous accorder ce point mérité.
Mais bordel, dis-lui quelle culotte tu portes, Keira! Dis-lui que t’as retrouvé les menottes en simili-cuir! Rappelle-lui ce que vous avez fait ce soir-là sur le coffre de la Renault 21 du voisin polonais! Décris-lui tes organes! Réchauffe-le, quoi!
On peut comprendre, oui, qu’une certaine dignité préside à ces moments-là. Certes. Et d’autres personnes, y compris Sam Worthington TM, sont à l’écoute de ce qui se dit. Mais est-ce bien le moment d’être inhibé?
Est-ce bien le moment d’être pudique?
Quand Rob ne voulait pas se lever le matin pour aller chercher la pelleteuse au garage, quel argument de poids le mettait en branle? (<– verbe subtil)
Totalement absent du film (à moins de considérer l’Everest comme une érection géologique), le pénis mâle est relativement absent du film. Mais le réalisateur, Ingmar-Steven Spielbergman, nous en rappelle l’existence à la fin, lorsque, à la toute dernière seconde, une fortement jolie jeune femme dans la fleur de l’âge regarde son public d’un air résolument mutin.
Et l’on se dit: mais oui! Quel dommage! Quelle regrettable tragédie!
Krishna a doté l’homme de l’organe idéal pour remédier à sa paresse ontologique: un outil qui se dresse et le guide, tel l’étoile du berger, vers la station verticale.
Drame de l’inhibition: Rob, lui, finit horizontal et froid. En termes freudiens: frigide, il bande peu.
😦
SH
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P.S.: On notera qu’Enora Malagré ne mentionne pas non plus à son mari la possibilité d’établir la paix dans le monde, ce qui prouve bien qu’elle a vraiment la tête ailleurs.