JURRASIC WORLD, de Trevor Sullivan

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finiront-ils par se transformer en poule? nul ne l’ignore

PAS D’INFORMATION DANS CE BILLET

Ce soir a lieu l’AVP de Jurrasic World à l’UGC Normandie: invité, saddamhusserl.com a cependant refusé de s’y rendre au nom de la critique de la raison pure. Explications.

1) Un film fainéant

Jurrasic World se contente d’imaginer ce qui se passerait dans un parc dans lequel des dinosaures seraient recréés génétiquement à l’aide d’ADN de grenouille et d’ADN de dinosaure retrouvé dans des moustiques fossilisés. Ce pitch original ne saurait compenser le fait que les scénaristes ne se sont vraiment pas foulés.

2) Une bande-annonce suffisante

La bande-annonce est magnifique. A quoi bon en voir plus? On y voit en effet des ptéranodons s’enfiler les uns les autres, des stégosaures galoper (puis choir) dans la faille de San Andreas d’un air déçu, des pleurosaures (actif maritime) se faire siliconer les lèvres, et des lapins grapiller des carottes hors des mains d’un enfant pauvre. Les images sont plus spectaculaires que jaunâtres, ce qui n’est pas pour déplaire aux amateurs de sensations fortes.

3) Nous avons fun

Ce soir, nous sommes invités dans la famille d’Anne Roumanoff, passionnée de courses de Segway. Belle coïncidence, car l’acteur joue dans le film que nous snobons. Mais pas d’inquiétude, nous vous en reparlerons prochainement, avant de (ou après) l’avoir (re)découvert.

Bonne soirée à tous!

SH

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San Andreas, de BRAD PEYTON

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un film relativement mal réalisé

MITIGEABLE

Projeté en post-clôture du 145e Festival de Cannes dans un amphi Lumière aux plusieurs quarts vide, San Andreas est un film infinitésimalement sexuel qui nous laisse sur notre faim.

Le héros, une sorte de mouflon sans cornes, sans poils, bipède et doté de la parole, pilote un hélicoptère en se servant d’appendice digitaux de types mains (qu’est-ce qu’ils viennent faire sur un mouflon? Vrai problème de réalisme avec ce film.) Il sauve une femme qui allait chuter en la hissant, ce qui revient à sauver un frigo qui allait se décongeler en le plissant (absurde).

Peu après, il retrouve sa fille, qui a hérité de la poitrine avantageuse de sa mère. Jusque là, tout va bien. Mais à ce moment un tremblement de terre se déclenche. Pourquoi? Ce n’est pas expliqué. Il est question de « faille », de « plaque tectonique », de « mouvement des plaques », mais cela n’explique pas pourquoi elles se mettent en mouvement. La subduction est sous-employée, de même que les capacités littéraires de Marie-José Pérec (totalement absentes du film). Bref, un tremblement de terre se déclenche, et c’est là qu’on sort du film.

Il ne faut donc pas se fier au titre qui indique une hagiographie de Saint André, saint patron de l’Ecosse crucifié en Jordanie en 1994 sur une croix en forme de M (ce qui justifie la force du drapeau européen aujourd’hui). Fi donc: le scénario de San Andreas, alambiqué à l’extrême, suit les tergiversations politiques du mouflon de la scène d’ouverture dans un univers sexualisé à outrance. Cela commence avec un humain associé à une tour, ce qui signifie un certain verbe que la pudeur nous interdit de reproduire ici (*ne pas lire le mot suivant * bite *vous pouvez reprendre votre lecture*). Le beau-père est par ailleurs antipathique, ce qui revient à considérer comme des méchants garçons les gens qui se servent de leur richesse pour séduire des femmes afin de les extirper du cocon familial qui structurait la psychologie d’une adolescente ayant joué dans Percy Jackson 2, alors que c’est le cas de gens très bien (exemple: Gandhi, Maria de Meideiros).

Nous nous sommes d’ailleurs procuré les nombreux synopsis du film:

1) Le beau-père a un grand sexe en fer (en construction).

2) Le vrai père a un sexe en pierre intitulé « tour de la baise » (Coit Tower)

3) Le couple du vrai père est en faillite donc la Coit Tower n’intéresse personne et les deux femmes vont emménager dans le sexe en fer du beau-père.

4) Tremblement de terre TOTALEMENT INJUSTIFIÉ D’UN POINT DE VUE SCÉNARISTIQUE

5) La Tour de la Baise ne s’effondre pas mais il est impossible de s’y rendre, en raison de feu. Il faut donc chercher refuge dans le sexe en fer.

6) Ledit sexe en fer, dont la solidité laisse finalement à désirer, bénéficie de fuites urinaires (forte symbolique inca); le père (donc un mouflon) vient sauver sa fille du sexe en fer. Elle se noie partiellement.

7) Il recouche avec sa femme à l’aide d’un saut en parachute.

FIN

Ce film est donc incompréhensible du fait de nombreuses incohérences.

Cordialement,

SH

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DHEEPAN : HUILE DE PALME

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Sandra Bullock

Victoire méritée et méritante que cette Palme d’or remisée, entre autres, dans les mains de Jacques Audiard au terme de la clôture de la cérémonie de remise des prix du 68e Festival de Cannes. Méritée tant cette docufiction sur l’actrice Linda Lovelace, huileuse au meilleur sens du terme (nutritif, agréable) excédait son sujet qu’elle effleurait à peine, pour mieux se concentrer sur le sort et le devenir d’une famille d’immigrés tamouls (rien à voir avec le taboulé, qui est un plat suisse exubérant) forcés de s’implanter des puces électroniques dans le cerveau pour échapper à une invasion de porcs s’effectuant par le biais des téléphones portables. Critique de la société de consommation et plaidoyer pour l’acte d’être jeune à la fois, Dheepan ne se contente pas de dresser le portrait d’un monde où tout un chacun peut devenir l’antre de la France : il en fait le constat.

On n’avait pas vu depuis Speedo : le film une telle précision dans l’élaboration des dialogues et en particulier des plans-séquences en champ/contre-champ. Isabelle Huppert, dont l’ombre plane sur tout le tapis rouge, évoquera à sa voisine, lors de l’annonce du prix, son désintérêt total pour le cinéma de Jacques Audiard : il n’en faut pas plus pour suggérer qu’il existe plus qu’une filiation, une antépiphore, entre Audiard et Nicloux le bien nommé. Pour le réalisateur nantais, c’est donc à la fois une consécration et une épilation partielle de l’aine – il se murmure déjà que le fameux cinéma parisien de Jean-Marie Poiré pourrait d’ores et déjà être rebaptisé le « Max Lindon » en hommage aux acteurs du film, qui partagent tous le nom de famille du Vincent primé le même soir pour un autre film. Jolie coïncidence que l’on doit à la perspicacité et à la cruauté intrinsèque de Thierry Frémaux et du jury de cette année.

Qu’un journaliste de So Film ait récemment découpé sa carte de presse en opposition à ce beau palmarès qui couronne la France comme capitale artistique mondiale (avec un César remis à Emmanuel Bercot pour son rôle d’enfant battu dans La Tête haute, Vincent Lindon pour son rôle de caissière, Sophie Marceau pour son honneur et Steven Spielberg pour le scénario du Homard de Yourgos Genthimos) nous paraît incompréhensible, voire incompréhensable. En effet où est le problème ? Et nous posons la question avec toute l’honnêteté dont nous sommes capables. Un beau Français (Jacques Audiard est bel homme, comme le souligne souvent Guillermo del Toro) réalise un beau film (plus beau que Carpentras) dans lequel jouent de beaux acteurs (tamouls). Le but de l’art étant d’être beau, où est le problème (pour paraphraser Jacques Gamblin) ? On nous objectera que le fondement même de toute œuvre à caractère artistique est de ne diffuser qu’une beauté à caractère subjectif. Certes, mais un beau film n’est-il pas un film qu’un aveugle trouverait beau lui aussi rien qu’en le palpant ? Or un jury ne représente-t-il pas la justice ? Et la justice n’est-elle pas aveugle ? CQFD.

Ce n’est de toute façon pas le principal. Le principal, ici, est de valoriser la France au détriment des autres pays, ce que le jury n’a pas manqué de remarquer. Pierre Lescure, directeur de la plage Nespresso depuis cette année, sait plus que jamais qu’un festival est avant tout l’œuvre d’une chaîne télévisée, et qu’en tant que telle cette chaîne se doit de financer des films qui seront récompensés par des ex de Brad Pitt et des fans de Jake Gyllenhaal. Le monde tourne rond, pas l’inverse. C’est toute la leçon à retenir du film de Jacques Audiard : tamoul ou non, un cinéaste vous attend, l’œil ouvert, qui vous renifle les fiches de paye en bavant, prêt à vous presser comme un poussin dans un poing d’athlète pour faire surgir de vous toute la beauté recelée par votre visage banal ou bête, votre pauvreté sociale ou vos considérations apolitiques de smicard asymptotique. Car le cinéma c’est d’abord ça : faire rêver le riche avec le pauvre, faire suppurer la plaie de l’inégalitarisme pour en faire jaillir des blinis, des putes et des galas de bienfaisance. En un mot : Naf-Naf. En deux : fricoter. En trois : Jacques Audiard. La réponse ? Pas de réponse. De l’Art. Et du Cinquième, s’il-vous-plaît.

SH

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MAC BETH: RIEN A FOUTRE

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Mac Beth est un opéra-bouffe composé en 1214 par Don Diego de la Vega, dans lequel une femme et son amant cuisinent du potiron dans un château numide de manière à transformer leur belle-sœur commune en princesse et l’envoyer conquérir une portion du Danemark pourri tombé aux mains de l’Etat Islamique. On est en droit de se demander ce qu’une telle pantalonnade peut venir faire dans la programmation d’un festival aussi prestigieux que cette 73e édition du Festival de Cannes, et comme en plus nous écrivons ces lignes en pleine soirée de la Quinzaine, autant vous dire que nous n’avons pas franchement l’esprit à l’esprit critique. Un peu d’honnêteté professionnelle ne faisant pas de mal, nous nous efforçons cependant de faire croire à la chirurgienne-urologue qui nous tient notre gobelet que son réquisitoire contre les enfants d’Emmanuelle Bercot nous intéresse et que notre conversation reprendra quand nous aurons fini d’écrire (ce qui n’est pas le cas).

Marion Cotillard n’est pas franchement au meilleur de sa forme, toute de toile de bure vêtue elle cache mal à l’écran les démangeaisons occasionnées sur son entrejambe par la texture du costume et cela nuit généralement à la compréhension de ses émotions, qui gravitent toutes plus ou moins autour de ladite démangeaison, que son partenaire sexuel à la ville comme à l’écran lui annonce la mort de sa poule, l’enflure de son propre annulaire ou la restauration de la Fosse des Mariannes. Michael Fassbender, dans le rôle d’un organe, s’échine à imposer la division du temps de travail des végétaux dans son royaume mais aucun de ses prétendants, non-convoqués par le scénario, ne s’en soucie, ce qui nuit là encore à la lecture de l’oeuvre, les intentions du personnage, des figurants et du scénariste étant contradictoires.

Toutes les séquences à base de beurre de lait de coco sont inutiles, le caméo de Choupette la Coccinelle est complètement débile (l’histoire est censée se passer sous le règne de Jacques Toubon) et le siège sur lequel nous étions assis nous a traité de nigaud-pute à neuf reprises (le journaliste de Tecknikart assis derrière nous nous a affirmé qu’il n’avait rien entendu et, par souci déontologique, nous lui faisons confiance, car un critique qui ment n’est pas un critique, c’est un laborantin jouisseur).

Moins de mites dans notre pull, qui nous tenait trop chaud, que dans ce film désuet et chaste qui ferait passer Schubert pour un porte-parole de l’UNESCO.

SH

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Desplechin et Audiard se font-ils de l’œil? Edito #5

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En 2015, Arnaud Desplechin réalise Trois souvenirs de ma jeunesse. Jacques Audiard, plus modeste, se contente de tourner Dheepan. Chacun de ces trois films pourrait ne rien avoir à envier à nul autre pareil – et pourtant: la recette est la même que chez Sophie Letourneur.

En 2013, la jeune papesse du ciné-je(u) révélait avec Les Coquillettes que les relations politico-culturelles cannoises obéissent en fait à plusieurs quantités considérables de doute. Léchages mais aussi crachats en tous genres suggéraient à l’époque que le frontispice des gens est assez peu celui qu’on croit, et c’est en repliant son macrocosme à l’intérieur des frontières d’une assiette de yaourt qu’elle parvenait à la récapitulation théorique de ce qui, festival ou pied, contribue le plus souvent à hyper-réaliser le réel au point qu’on le confonde avec son propre organisme. Jupons, petits caniches, courses à viande, sous-marins nucléaires, trisexualité de 90% des agents de sécurité à la Semaine de la Critique: Letourneur la bien-nommée remettait les pendules à l’heure du Tour (de France, qui commence demain Porte d’Auteuil).

Dans Trois souvenirs de ma jeunesse, Mathieu Amalric (qu’on a croisé chez Steven Spielberg, l’autre jour, assez apathique) incarne 50-Cent à l’âge où il fréquentait encore le monde extérieur. Déambulant, excrétant des bulles, à la manière sans doute du crustacé musical d’une rousse dénuée d’appendices moteurs, il rumine du regard les invisibles fuites que laisse, parfois, surgir la vie. Que sa compagne soit miniplégique n’y change rien: on est résolument plus du côté d’un réalisme dithyrambique que des pétoncles de Sophie Marceau. Qui est Paul Dédalus, alors? Une gifle, de la moquette, comme le suggérait (à tort) la bande-annonce? Oui. Le magnétisme d’Amanda Seyfried, repris à son compte par André Dussolier dans la peau de Philippe IV le Bel, insuffle un peu de barbarie à ce qui n’aurait pu être qu’une énième bluette sinophobe. Qu’on se le dise et qu’on s’en débarrasse: Trois souvenirs de ma jeunesse nous a, pour toutes ces raisons, moyennement déplu.

Dans Dheepan, un aborigène amnésique fait mine de se rappeler de sa vie passée et convainc François Hollande qu’il est sa sœur. Adopté par le premier ministre, crucifié sur les portes de l’Assemblé Nationale par un groupe de CRS peu regardants sur la qualité, il intègre peu à peu une communauté qui ne lui demande rien et ne lui donne pas à manger. Antonythasan Jesuthasan et Kalieaswari Srinivasan sont extrêmement convaincants dans les rôles de Jules Ferry et Ras Al-Ghûl, grâce à une direction d’acteurs toute en faille et en docilité, mais on aurait, de loin, préféré retrouver les acteurs fétiches d’Audiard Marion Cotillard, Samy Nacéri, Frédéric Diefenthal et Norah Jones – d’autant plus que Dheepan, biopic des Beatles qui ne dit pas son nom, eût trouvé là un casting de premier choix. Mais juger les films pour ce qu’il ne sont pas est semblable à une erreur – et ce n’est pas parce que le festival touche à son comble qu’il faut revoir nos exigences à la baisse.

Ce qui surprend dans ces deux films, c’est la façon dont ils se répondent, comme ont pu le faire, en leur temps, Mao Tsé-Toung et Véronique Samson exilée à Santiago du Chili – sans même mentionner les apparitions de Tina Turner. Desplechin filme une nudité: Audiard écrase sa caméra sur des centaines de figurants portant habits, chaussures et tout le toutim. Le premier invite aux retrouvailles: le second s’y oppose, pourrait-on dire, quoiqu’on n’y soit pas obligé. Mieux: là où Desplechin fait le récit d’un ersatz de Captain America franchouillard, Audiard, lui, se tourne vers l’évocation maximaliste d’un cirque de puces. Grandeur/rétraction, fadeur/folie: le dialogue d’un cinéaste à l’autre ne s’arrête pourtant pas là. Matthieu Kassovitz tient en effet le même rôle dans chaque film: celui de l’absent, hanté par l’oeuvre – comme si, chacun à sa manière, Audiard et Desplechin avaient voulu mentionner l’héritage d’Enrico Macias à travers quelqu’un d’autre (ce qui n’est bien sûr pas le cas). A l’image, cela se traduit par de nombreux travellings, toujours plus chargés d’émotions au fil de l’histoire, si bien qu’au terme des projections presse, 65% des festivaliers remplirent une demande ACDE de pacemaker.

L’année dernière Olivier Assayas, avec Sils Maria, tentait ce que réussissent vertement cette année tous les Jacques Audiard de la Croisette: une prise de contact indirecte et sexy avec leur Desplechin intérieur. Minaudé, Assayas s’était replié in extremis sur la réalisation de courts-métrages (pubs pour du camembert fondant, Vines de coquillages, traversées du périph’ en trottinette à la GoPro). Audiard, lui, triomphe, à bon droit. D’un plan final l’autre, c’est un rictus qui s’esquisse, une passe moins cinématographique qu’olympique d’un cinéaste populaire (Desplechin [phrase] Maraval) à un autre, abandonné par la critique (Audiard, même auto-produit).

Le 91e Festival de Cannes se mi-clôt ainsi sur une promesse: celle d’une décroissance des taux de production du yaourt public (Letourneur oblige) et – belle synchronicité – d’une excroissance joyeuse et sombre chez ces deux enfants de La Boule (plus connu sous le nom d’Yves Marchesseau).

Amicalement vôtre,

SH

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Apocalypse Brizé: avant-première du reportage de Jean-Cool Fart pour VICE MAG

Notre chroniqueuse tendance & déco Jean-Cool Fart est une vraie reine des nuits cannoises. Les soirées cannoises n’ont aucun secret pour notre blogueuse vêtements & meubles Jean-Cool #Fart. Vague à l’âme et liqueur de frite(s), partie fine et suicide par station debout, Jean-Cool vous dit tout ce qu’il y a à savoir pour préparer votre venue au festival… de nuit! oiseau de nuit! Comme si vous y étiez. Attention: nuit blanche à prévoir. #somnambulisme #tristesse #cinéma

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le verbe fun

 Ah, les soirées cannoises! J’en avais toujours beaucoup entendu parler et, depuis 37 ans que je viens au festival, j’avais bien remarqué qu’il y avait de la musique festive et des humains saoûls ici ou là… je ne suis pas complètement débile non plus!! En tout cas cette année, Saddam Husserl m’avait demandé d’aller à au moins une soirée, afin d’y distribuer aux gens importants des chaussettes sur lesquelles on a écrit le nom et l’adresse de notre magazine. Une opération com, quoi 🙂

Magie de Cannes oblige, je me suis retrouvé complètement par hasard propriétaire d’une invitation à boire à la santé d’un film sur la crise économique; en jetant un coup d’oeil distrait, j’avais remarqué dans une poubelle ce bout de carton qui brillait un peu. J’ai découvert en le saisissant qu’il avait servi de mouchoir de fortune à quelque rupin. #Rude. Mais enfin je n’allais pas me plaindre, j’avais “un carton pour la soirée du Brizé”. Je suis arrivé devant l’entrée à 17h, il y avait déjà une grande “queue”. J’ai compris un peu plus tard que les gens n’attendaient pas pour la “soirée du Brizé” mais glandaient juste tranquillement. Ils n’avaient pas trop des #looksdesoirée d’ailleurs. Je suis donc parti me promener, décidant de revenir pour 22h. Je suis revenu vers 22h, j’avais mal aux pieds, et surtout je sentais mes chaussettes saddamhusserl de là où j’étais (1m95 plus haut). La honte pour une première soirée sur la Croisette :p !! A l’aide du manque de sommeil, mon intestin digérait bizarrement, en faisant un bruit qui ne me permettait pas de savoir s’il fallait que je mange ou, au contraire, que je jeûne. Bref, vers 24h30 je suis parvenu devant un vigile qui ne voulait pas me laisser entrer à la soirée du Brizé. Et pour cause, mon carton d’invitation était en fait un authentique mouchoir, sur lequel des fluides humains avaient tracés des formes multicolores où j’avais cru déchiffrer “Soirée du Brizé, venez vers 17h.” Bref, on dirait bien que j’avais attendu 7 (sept) heures pour rien. Décidant d’en prendre mon parti, j’ai effectué une agréable promenade sur le sable. Or, à force de marcher, je me suis retrouvé sur une plage noire de monde, où les gens dançaient, déguizés en prolétaires, sur Diamond de Rihanna… j’étais à la soirée “du” Brizé! Presque immédiatement, un type m’a demandé ce que j’avais vu comme film(s). J’ai à peine eu le temps de lui répondre que je n’avais pas encore trouvé le cinéma à ce jour, qu’il a filé vers un autre convive pour lui poser la même question. Voilà un type qui voulait vraiment savoir ce qu’on avait vu!! Je lui ai donné une chaussette saddamhusserl, mais il n’avait aucun pied.

Un moment j’ai cru voir le mec qui joue dans le film.

J’ai vomi.

J’ai dit au revoir à l’apode, mais il était en train de poser sa question à quelqu’un, et il ne m’a pas vu.

Je n’ai pas retrouvé mon appartement, alors je me suis promené vers la gare.

J’ai pleuré.

 

JCF

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Love, notre palme de la teub

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Seuls critiques de la profession à nous être minutieusement masturbés sur un buisson derrière une pub Gucci dans la file d’attente pour la projection de Love, qui avait lieu hier à minuit (l’heure du sexe), nous pouvons vous affirmer sans faillir que nous, contrairement aux autres, nous sommes impartiaux, et que c’est la tête froide et le musc éjecté que nous avons pu découvrir, le regard libre de toute effluve pubienne, que le dernier chef-d’oeuvre de Gaspar Noé est une franche réussite.

Véritable road-movie qui s’ignore, Love perpétue la longue et belle tradition de la pornographie à Cannes, ouverte en 1932. Qu’il s’agisse des moments crépusculaires (scène où Daniel Auteuil enfile deux hommes comme des gants et les manipule ensuite comme des marionnettes pour faire rire ses enfants myopes) ou plus élusifs (bref plan-séquence tournoyant où s’entr’aperçoit un Minikeum en train de financer un cunilingus sur Chloé Moretz), Gaspar Noé maîtrise son sujet et c’est tant mieux – car son sujet c’est la masturbation et que sans maîtrise, pas de masturbation possible (pour paraphraser le texte de Bazin sur la pornophagie chez Jean Rouch, qui la reliait sans froncer – les sourcils – à l’aérophilie, goût pour l’odeur de ses propres éructations anales et/ou visuelles).

Véritable road-movie qui s’ignore, oui, tant la 3D ne nous avait jamais semblé aussi ripoline (sauf peut-être dans Le Choc des Titans 2, lorsque Prométhée se faisait simultanément sucer par cinq mouettes). Qu’il s’agisse des membres turgescents de rames fatales, ou des mamelons frivoles de Pierre Niney, le spectateur en reçoit pour son argent plein les cheveux, si bien que l’offre d’un pack de shampooing pendant l’entr’acte fut le bienv’enu. Que cela n’entrave nullement notre perception de la (sympa!) chose: oui, les nombreux gros plans « endoscopiques » des héros auraient pu gagner en lisibilité, et oui la séquence du dromadaire insultant aurait pu être raccourcie, mais cela n’enlève en rien le vernis de lustrage insufflé à la moindre coupe de poil en quatre.

Véritable road-movie qui s’ignore, enfin, puisque rien de sert de courir: il faut éjaculer poliment, et ce n’est pas Diane Rouxel, même grimée en Gorbatchev, qui nous fera douter du contraire. Avec Love, c’est à une véritable redéfinition du coït que nous invite, en se branlant des deux mains, Gaspar Noé: celui qui, à l’époque de Penetrate the Vagine se figurait que l’intériorisation d’un gland était nécessaire à l’affirmation d’un baisage sexuel, semble s’orienter désormais vers une perception plus nombriliste des remugles, doigté/doigting et en même temps très française. Fi des godes-casques (pas sa meilleure trouvaille): l’amour est avant tout frisson et friction, qu’il s’agisse de substituer Dwayne Johnson par du Yop (ça peut arriver, comme en témoigne l’actualité ferroviaire dans la famille Chou Qi) ou de simplement découvrir que la fontaine de jouvence, à défaut de s’appeler Julie Delpy, tient parfois à une simple cuillerée de préservatifs aux pruneaux devant un chaise pliante.

« La nuit tombe, vous frôle de son aile noire toute humide, et jouit. » -Alphonse Daudet (Lettres de mon moulin, chapitre 2)

SH

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Hou Hsiao-Hsien: L’Assassin assassine la Croisette

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Hou Hsiao-Hsien

Grosse claque au sommet que ce nouvel opus du frère adoptif non-reconnu d’Apitchapong Weersathevrakul, Hou Hsiao-Hsien (prononcé « Houh hgh-siaow hgh-sienne »). Dans un Hong-Kong fantasmé des années 2000, un tueur familialiste arpente les forêts à la manière d’Hubert Melville – Eddy Mitchell. Recourant aux dernières technologies de kinésithérapie, le chanteur français se prête à des centaines de cascades visiblement douloureuses, dont plusieurs roulades avant dans le vide. A la conférence de presse, l’auteur de Pas de boogie-woogie arborait d’ailleurs deux bras plâtrés soutenus par une armature mauve fixée autour de son torse, ses indexs droit et gauche pointant dans l’oreille de ses voisins respectifs, comme un Christ en croix au sommet d’une capitale brésilienne (Puntacana, Salma Hayek).

Le film? Un rideau. A la fois ample et mou, il évente les odeurs de série R simulées par la présence de Vincent Cassel au scénario. On reste embourbé de bon cœur devant tant de fêlures – à titre de comparaison, une pizza surgelée ferait l’effet d’un baiser volé sur la bouche d’un cathare dans ses derniers instants. A la conférence de presse, une journaliste de Picard Magazine lève d’ailleurs la main et crie, pour couvrir les protestations de ses collègues qui lui disent de ranger son mégaphone (beaucoup de mégaphones à Cannes cette année, peut-être plus que jamais): « Quand et pourquoi vous est venue l’idée de faire ce film? » Arborant un air inquiet, le réalisateur ne lui répondra pas. Rien d’étonnant quand on connaît celui qui, après être apparu aux Oscars thaïlandais à dos de pouf, avait refusé de s’expliquer auprès de la police.

SH

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Paolo Sorrentino: réactions à chaud

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La fatigue aidant, nous en venons à abandonner la pure scripture de nos émotions pour nous tourner résolument vers des formes d’évocation critique plus inattendues, tant les difficultés qu’éprouvent nos doigts à frapper les bonnes touches de notre iPod pour former des mots cohérents et reconnaissables par notre lectorat humain s’accumulent au fil des margheritas et des cocktails andouillette/vodka/pastis/ananas/fleurs du jardin. Après nous être réveillés ce matin à 7h, comme tous les matins depuis hier, puis nous être douchés accroupis car nous avions laissé la force de le faire debout tomber dans le lavabo comme une vulgaire alliance, nous nous sommes traînés langoureusement jusqu’au Palais des Festivals l’œil clos, et avons gravi le tapis rouge en rampant jusqu’à ce qu’un vigile vienne nous signaler chaleureusement, l’air enjôleur, que les selfies étaient interdits (il est vrai que nous nos apprêtions à nous prendre en photo pour stipuler aux usagers d’instagram que notre épuisement nous poussait désormais à gravir les marches sous forme de reptations laborieuses, hashtag reptations, hashtag laborieuses, hashtag douleurs au niveau des côtes).

Excellente surprise que YOUTH, remake par le napolitain volant, comme le surnomma FHM dans son classement 2009 des réalisateurs italiens les plus surnommés, d’un film israélien du même titre mais réalisé par Tom SHOVAL dans lequel deux jeunes séquestraient une adolescente dans une cave avec toute la fougue et la ferveur dont leur jeunesse indiquée par le titre était capable. Cette fois-ci, le rital superfétatoire s’en prend violemment à un exercice de style vieux comme mon pubis, le remake; mais s’en empare à sa façon: c’est à dire non pas avec les dents mais en modifiant totalement le fond de l’histoire, le scénario, le lieu, les dialogues, l’intrigue et même le titre. Impossible toutefois, pour les raisons expliquées dans le premier paragraphe de cette notule que nous vous invitons d’ores et déjà à relire avant de poursuivre la lecture de ce paragraphe-ci, d’exprimer clairement les émotions ressenties devant les élucubrations magiques d’Harvey Lu, Michael Royco et Paul Danone (damn you autocorrect!*) sans nous tromper un minimum.

Chagrin? Epaule démise? Il faudra se renseigner. En attendant, c’est à l’atmosphère de Poudlard que font penser les narines et autres orifices des trois vieillards déguisés en Maïwenn qui supputent que leur jeunesse fut plus exaltante que leurs périodes de vache maigre façon Clint Eastwood. Que faire d’une telle promesse? Laquelle s’il-vous-plaît? (L’auto-dialogue est un symptôme de la protubérance cannoise chez les festivaliers accoutumés: nous invitons par ailleurs nos lecteurs néophytes à se faire greffer un lamantin sur le visage et félicitons les journalistes de Libération et Team No Pop Corn qui auront compris la référence). Chose promise chose due – laissons tomber l’expression personnalisante de notre opinion matérielle. Que pensent les autres critiques de YOUTH, de Tom Shoval et a fortiori de YOUTH de Paolo Sorrentino?

La majeure partie des gens interrogés n’ont pas souhaité nous répondre.

Notre note: 08/20 (pour la qualité du jeu de Gnafron dans la séquence aux jardins du Ranelagh, le rendu des boulettes de laine, et la scène déjà peu culte où Raquel Weisz reconnaît face caméra qu’elle n’aurait jamais dû accepter de jouer dans La Momie 2 – vertige métaphysique à côté duquel BIRDMAN passe pour un film d’Hou Hsiao-Hsien).

Nous voilà cependant endormis sur le trottoir et piétinés par des festivaliers vus du dessous qui attendent d’entrer à la projection de la douzième et avant-antépénultième partie de la fresque épique de Miguel Gomes consacrée aux inventeurs de Bing. Nous vous disons donc « à plus tard » – car le cinéma, et à Cannes plus encore qu’ailleurs c’est avant tout cela: un art du discours: une esthétique de la transmission.

SH

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*plaisanterie intentionnelle.