les soldats de l’empire = l’impérialisme américain…
Bonjour Monsieur Sottinel,
Vous ne nous connaissez pas et pourtant nous constituons un panel de jeunes critique-e-s dynamiques et talentueux particulièrement actifs sur les réseaux sociaux (+190 abonnés Twitter, pas loin de 200 likes Facebook) ET dans le monde réel (Festivals de Pantin, La Haye, et les Arcs d’où nous vous écrivons).
Nous sommes plutôt axés à droite, mais cela ne vous regarde pas. En découvrant votre critique de « Star Wars: Rogue One: A Star Wars Story » avec notre « jus » du matin, et la kabbale déclenchée en votre endroit par les tenants du grand manège journalistique, nous avons considéré qu’il était de notre ressort de « monter au créneau », comme disait Serge Daney.
Nous vous proposons ici un étayage de votre texte, pour le rendre plus fort face aux assauts de vos détracteurs.
Comme des poutres glissées dans votre sommeil sous le revêtement de votre édifice, nous consoliderons votre propos et l’éclairerons si besoin est. N’hésitez pas à forcer l’évidence en nous contactant pour nous signaler tout manquement à notre programme offre. 😉
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1. « La critique qui établira pour de bon la valeur de Rogue One, A Star Wars Story, paraîtra dans le rapport annuel du conglomérat Disney. »
En effet, les critiques qui disent/pensent du bien d’un film n’ayant nul besoin d’être défendu pour rapporter de l’argent devraient se poser des questions morales à ce sujet. Ne sont-ils pas semblables aux banques qui renflouent le FMI au détriment du RSA? N’est-ce pas là la plus limpide des évidences?
2. « On saura alors si la stratégie adoptée par la firme de Burbank pour rentabiliser les quelque 4 milliards de dollars (3,75 milliards d’euros) dépensés lors de l’achat de Lucasfilm a été payante. »
Oui, Disney (que vous évoquez à mot couverts, pour ne pas vous faire importuner par les innombrables sbires de la Souris Aux Grandes Oreilles Noires, à l’aide d’une périphrase subtile et délicate comme un baiser dans le cou) est une industrie. On ne le répétera jamais assez. En tant qu’industrie, il ne « fait » pas du « cinéma » mais « produit » des « produits » (« Puisque le seul déroulement de la saga dont George Lucas a conçu six épisodes ne suffit pas à amortir ce coût cosmique, il fallait trouver de nouvelles lignes de produit. », bien dit monsieur Sottinel)
P.S. et merci pour la conversion en euros.
3. « Voici donc Rogue One, présenté comme une standalone story, un récit qui tient debout tout seul, annoncé comme le premier d’une série infinie. »
Mélange d’anglicisme maîtrisé et d’hyperbole poétique (« il tombe des bijoux dans l’infini de tes yeux bleus », J.Prévert), cette phrase nous fait sangloter d’admiration comme une chroniqueuse de France Inter évoquant la guerre sur le pourtour méditerranéen.
4. « Il n’est pas besoin d’être un exégète accompli des évangiles selon saints George et Lucas pour comprendre, après quelques minutes de la projection de Rogue One, que les 200 millions investis dans la production l’ont été pour donner une taille colossale à ces quelques lignes. »
Voilà le genre de phrase qui nous énerve. Parce qu’elle énerve ceux qui s’énervent pour rien. Comme si vous n’étiez pas un critique accompli et reconnu ! Oui, le budget de ce film a servi à produire un film à partir d’une phrase-projet (pour parler comme dans la pub, pardon…)… Et alors ? Qu’y a-t-il de faux à cela? Mais peut-être ces Môssieurs de CinemaTeaser daigneront-il-les nous faire un dessin.
Vous écrivez ensuite :
5. « C’est ce qu’on appelle un « programme », terme qui n’est guère compatible avec la tension dramatique, la surprise, l’imagination. ».
Vous vous contredisez (ou pas?), mais c’est surprenant (donc bien). (?)
Quoi qu’il en soit, nous ne saurions formuler la moindre contre-hypothèse à votre encontre : le cinéma peut et doit tendre dramatiquement, surprendre, imaginer.
Avoir un programme, projeter de faire un film avant même qu’il soit fait, c’est le contraire du cinéma. Le cinéma doit se produire comme ci comme ça, végétal envahissant le cerveau de ses spectateurs-aventuriers. Le terme « programme », employé dans ce « Star Wars« , renvoie aux heures sombres du Duc de Berry et n’évoque nullement la cinéphilie.
6. « Si bien que les aventures de Jyn Erso […] se déroulent dans une ambiance propre à faire pleurer le plus endurant des météorologues : sur quelque planète que l’on aille, le temps est horrible, sans parler des pics de pollution et des cataclysmes provoqués par les essais de l’Etoile de la mort. »
Oh là là BIEN DIT! Comme le disait Jean-Luc Godard (avec son gros accent de gros plouc!) « on ne fait pas assez attention à la météo dans les films. Un film doit rendre heureux, faire rêver, sortir les gens de leur quotidien… A quoi bon faire des films avec de la pluie et de la pollution? Les gens, surtout les Parisiens, ont besoin de féérie, de rêve, d’évasion… »
Vient alors le passage qui vous doit d’être taxé de RACISTE (vous!) par tout un groupuscule d’écrivains métrosexuels de passage :
petit sept
7. « La dynamique mademoiselle Erso est assistée dans son effort pour retrouver les plans de l’« arme ultime » par un équipage qui exsude de très loin le souci de se concilier tous les marchés : Diego Luna (Mexique) en officier rebelle, Jiang Wen et Donnie Yen (République populaire de Chine, où Rogue One est d’ores et déjà assuré d’une date de sortie), Riz Ahmed (Royaume Uni, d’ascendance pakistanaise) se joignent à la jeune femme pour une mission découpée en paliers, comme n’importe quel jeu numérique. »
Alors qu’il est évident, pour ne pas dire « il faut être un gros con pour ne pas s’en rendre compte », que la « diversité » (au sens LICRA du terme) (pensez à cliquer sur le lien hypertexte associé au mot LICRA et à faire un don malgré tout)
relève du mépris de classe.
D’abord, une femme est l’héroïne, façon de s’octroyer l’aval de 50% de la population terrestre. Business plan stupide s’il en est (et les hommes? non?).
Mais en plus : Noir, Chinois, Indiens et autre se retrouvent parachutés dans cette saga WASP comme autant de Happy Meal sur une usine de Polly Pocket exploitant des prostituées thaïlandaises. A vomir.
***** Merci monsieur Sotinel de nous aider à y voir plus clair et à ne pas tomber dans le panneau des médias crypto-socialistes qui voudraient nous faire croire à une représentation de la population terrestre ou/et autre *****
8. « Le bilan humain, extraterrestre et androïde est lourd, même si tous ces mondes meurent sans verser une goutte de sang, histoire de ne pas laisser filer la classification PG13, qui fait toute la différence entre 90 et 220 millions de dollars de recettes. »
Comme sur BFM-TV, vous mentionnez le coût humain: vous, vous vous souciez de la mort, même de la mort des extraterrestres et des robots. Et on vous reproche à mots couverts d’être un suppôt de Mussolini! Non…
Il y a des gens qui meurent dans ce film et leur décès est édulcoré afin d’engranger 30 millions de dollars de plus (sur un film qui devrait rapporter plus d’un milliard de dollars, la différence est énorme)
Voilà la vérité!!
9. « Le but recherché est de faire glapir aux fans « c’est aussi dark que L’Empire contre-attaque » »
Les renards sont des animaux stupides et cons qui se laissent gazer dans leur maison insalubre pour donner leur peau aux gens. Pourtant, les fans de Star Wars sont des renards. Ils sont donc stupides et cons.
Quand on pense aux journalistes des Inrocks qui vous reprocheront d’être impartial, on se passe le gland au mixeur, comme disait Madonna…
Après avoir raconté un élément clé du film en manière de pied de nez à ces renards-cons qui glapissent « S*P*O*Y*L*E*U*R » dès qu’on ouvre la bouche pour émettre un avis un tant soit peu critique, vous concluez :
10. « Cette nécrophilie nourrie des développements technologiques les plus récents parfait le goût funèbre et mercantile de Rogue One. »
– une belle métaphore (la nécrophilie),
– une remarque pertinente (il y a de bons effets spéciaux dans Star Wars),
– un effet d’insistance (en journalisme les gens nous lisent dans le métro, il faut donc insister : la nécrophilie est bel et bien « funèbre », qui le nie ?)
– un adjectif résumant votre avis sur Star Wars (c’est « mercantile »)
une bien belle leçon de critique.
SH
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